Même s'il aurait certainement préféré faire son entrainement en solitaire sans être dérangé par quiconque, Nobuo restait tout de même amusé par la situation. C'était puéril, mais il ne pouvait pas s'empêcher de vouloir gêner Kyoshiro. Depuis qu'il le connaissait, Nobu avait senti que le garde le détestait. Au début il s'était demandé pourquoi, mais au fil du temps il avait commencé à comprendre. À plusieurs reprises déjà, il l'avait vu en compagnie de Satomi. Et son attitude envers elle n'était pas la même que celle des autres gardes. On ne pouvait en conclure finalement que deux choses : soit Kyoshiro avait des sentiments pour Sato, soit il prenait son rôle trop à cœur au point de la protéger d'une toute autre manière qu'on le lui demandait. Et dans tous les cas, Nobuo finissait par être considéré comme une nuisance pour le garde. Il était dans le premier cas un rival amoureux, et dans le second il n'était qu'un homme qui en profitait en se jouant d'elle. À vrai dire, les deux solutions pouvaient très bien se compléter l'une l'autre. Finalement, la seule conclusion qui se faisait était que Kyoshiro n'aimait pas Nobuo, et que ça ne risquait pas de changer de sitôt.

C'est pourquoi le Prince profitait de son rang et de la situation pour gêner le garde. La première idée qui lui était venue était à la fois la plus simple, et la plus efficace : lui parler, et l'obliger à répondre. Ce qui le forcerait à stopper son entrainement, et à la longue, ça risquait de l'énerver. Même si le risque de finir par être frapper n'était pas à exclure, Nobuo s'en fichait. Si le garde venait à porter la main sur lui, celui qui aurait finalement le plus de problème de serait pas Nobu. Mais pour l'instant, les deux jeunes hommes restaient parfaitement civilisés.

Nobuo ; « Belle journée pour s'entrainer. N'est-ce pas ? » était donc ce qu'avait dit le jeune homme pour engager la conversation.

Kyoshiro ; « Oui, en effet… » finit-il par répondre à contre cœur, avant de marquer une pause où le garde en profita pour détailler le physique de son interlocuteur. « D’ailleurs, si vous avez besoin de mon aide, faite moi signe. » reprit-il.

Nobuo ; « Non, ce ne sera pas nécessaire. Je ne voudrais pas te gêner pendant que tu t'entraines. » répondit-il cordialement.

Le Prince avait remarqué que Kyoshiro l'avait regardé fixement avant de lui proposer son aide. Nobuo n'avait bien sûr pas raté l'air réjoui qu'il avait eu à ce moment là, et le jeune homme avait vite compris ce qu'il lui avait donné cet air la. Il avait probablement comparé leur deux physiques, et même si Nobuo n'avait pas à se plaindre, le garde était sans aucun doute plus musclé que lui. Après tout, il se devait de l'être vu son métier. Mais la réjouissance de son interlocuteur n'affecta guère Nobu qui ne put s'empêcher de se dire que peu importe le physique, il restait Prince, tandis que Kyoshiro, lui, restait un simple garde. Ce dernier, après avoir finit de frapper le putching bag se dirigea vers son sac de sport pour y ranger ses pansements et en sortir une serviette. Sur le moment, Nobu pensa que le jeune homme s'apprêtait à en finir avec son entrainement. Mais à la fois déçu et ravi, il vit qu'en fait il ne faisait que changer de machine. Bien sûr, il en choisit une qui lui permettait de s'éloigner un peu plus du Prince. Il commençait déjà à l'énerver ? Nobuo ne faisait pourtant que commencer.

Le jeune homme laissa le garde tranquille quelques minutes. Il réfléchissait à la meilleure façon de l'irriter pendant qu'il s'entrainait avec les altères. De nombreuses idées lui venaient en tête, mais aucune ne lui convenait. Elles étaient soit trop peu efficaces, soit elles risquaient de vraiment provoquer une bagarre. Et si Nobuo pouvait éviter l'œil au beurre noir, ça l'arrangeait. Il opta donc pour la conversation, mais pas n'importe laquelle. Le sujet qui fâche.

Nobuo ; « Dis moi, j'ai cru remarquer que tu passais de plus en plus de temps avec l'une des princesses. Je te laisse deviner laquelle. » dit-il avec un sourire aux lèvres. Il se tut un instant, puis reprit : « Tu ne serais quand même pas tombé amoureux d'elle j'espère ? Parce que j'ai rien contre ça, mais je ne voudrais pas que tu aies le cœur brisé. ».

Mh... il n'avait pas voulu en dire autant. Mais c'était sorti. Il n'était sûr de rien dans ce qu'il disait, et il aurait préféré que ces idées soient fausses. Mais tout de même, la situation lui permettrait de mettre du clair dans son esprit. Et il arriverait peut être à déstabiliser le garde en découvrant ses secrets.